Le mouvement international " Nous sommes Eglise " (IMWAC) appelle à la
convocation d’un nouveau concile pour traiter du scandale international
d’abus sexuels
Solidarité avec les victimes urgente!
Le Vatican doit rompre le silence
L’Église doit renoncer à se soustraire à la loi civile
Les cardinaux Darío Castrilóon Hoyos et Giovanni Battista Re devraient
démissionner
Déclaration
De nombreux cas d’abus sexuels de mineurs par des prêtres catholiques
romains sont répertoriés et constituent pour notre Église un scandale
d’importance monumentale aux dimensions internationales.
Chaque jour, de nouvelles révélations se font jour et augmentent le choc!
Cela exige à tout le moins une repentance immédiate et une réforme
institutionnelle.
Depuis quelques mois, les médias du monde entier ont relaté des centaines de
cas d’abus sexuels sur des enfants et des adolescents par des membres du
clergé catholique romain, causant une peine indicible et la dévastation de
la vie des victimes et de leurs familles.
Bien que l’attention médiatique se soit récemment focalisée sur des cas aux
États-Unis, il s’agit manifestement d’un problème international demandant
une discussion et des réformes au niveau de l’Église universelle. Des cas
d’abus sexuel ont aussi été révélés en Allemagne, Australie, Autriche,
Belgique, au Canada, en France, Grande-Bretagne, Italie, au Mexique,
Portugal, en Pologne, Royaume-Uni et dans de nombreux pays africains. Dans
le cours de l’année écoulée, les médias ont aussi informé du viol de
religieuses par des prêtres dans au moins 27 pays.
L’intégrité et la crédibilité de l’Église catholique romaine sont en jeu.
Aucune institution revendiquant une autorité morale ne peut garder le
silence, laisser commettre ces actes délictueux ou les traiter en tant que
problèmes internes.
A beaucoup d’égards, ces actes ne sont pas seulement immoraux, ils sont
criminels et relèvent des lois civiles et pénales. Les autorités
ecclésiastiques, y compris les responsables du Vatican, doivent coopérer
pleinement dans ces cas avec les autorités civiles et renoncer à toute
exemption de la loi, comme ce fut le cas des responsables des Églises
irlandaise et mexicaine. Les chefs des Églises sont citoyens de leur pays
respectif et, en tant que tels, ils ont le devoir de coopérer avec les
autorités civiles en matière de loi civile et criminelle.
La hiérarchie catholique a l’habitude de proclamer son enseignement moral à
propos de toutes sortes de sujets, ayant souvent trait à la sexualité. Ce
faisant, elle s’érige elle-même en parangon des vertus et de la droiture. Le
refus de l’Église de s’occuper de quelque chose d’aussi scandaleux que les
crimes d’abus sexuels commis en son propre sein, ouvre à bon droit la porte
à l’accusation d’hypocrisie.
Si les autorités ecclésiastiques sont véritablement intéressées à restaurer
la réputation de notre communauté de foi, nous, en tant que membres d’IMWAC,
pensons que les étapes suivantes sont nécessaires :
1. Le Vatican doit agir avec force pour résoudre ce problème et
ne pas se contenter de condamner les abuseurs mais aussi les prélats qui les
ont couverts, qui ont manqué à leur devoir de dénoncer les cas aux autorités
civiles et qui ont quelquefois essayé de jeter le blâme sur les victimes.
Les abuseurs doivent rendre des comptes suivant les lois civiles de chaque
pays. Le silence relatif des responsables du Vatican à ce sujet, est un
scandale en soi. Nous espérons que la rencontre sans précédent prévue cette
semaine entre les cardinaux américains et le pape Jean-Paul II et d’autres
responsables du Vatican, sera l’occasion de se prononcer fortement sur le
sujet.
* Dans les cas les plus connus, comme à Boston (U.S.A.), le
Vatican devrait demander la démission des évêques qui ont couvert de tels
abus. Il faut pareillement investiguer sur le comportement de tout
responsable du Vatican qui aurait encouragé ces dissimulations et renvoyer
ceux qui auraient joué un rôle significatif en cachant les cas et qui ont
donc mis en danger les vies d’innombrables jeunes.
2. Nous appelons de nos vœux un nouveau Concile de l’Eglise entière -
des laïcs aussi bien que des évêques et du clergé - afin de réformer les
structures et les pratiques qui sont à l’origine du scandale. L’Église est
arrivée à un tel point de décadence que quelques changements de personnes ne
suffiront pas. Quelques nouveaux visages d’évêques et même un nouveau pape
n’apporteront pas les changements nécessaires pour reconstruire l’intégrité
et la crédibilité de l’Église. Nous devons plutôt entamer un processus par
lequel tout le peuple de Dieu redessinerait les structures institutionnelles
qui sont profondément dysfonctionnelles et se révèlent être plutôt des
sources de violence et d’injustice que des moyens de guérison. Notre but est
la transparence et la clarté de l’action et de la prise de décision en
Église.
* IMWAC s’est déjà prononcé dans le passé en faveur
d’un Concile pour mettre en acte les réformes nécessaires mais on n’a tenu
aucun compte de notre appel. Nous espérons que la crise en cours est une
sorte de " grâce active " qui nous mènera vers le Concile.
* Au programme de celui-ci, doit figurer la
démocratisation de la prise de décision afin d’y inclure un rôle important
pour les laïcs, l’obligation pour les structures d’Église de rendre des
comptes, l’enseignement de la sexualité et les attitudes envers celle-ci,
ainsi que le processus de sélection ou d’élection des évêques.
* Les matières requérant une attention
particulière comportent la sélection et la formation des séminaristes ainsi
que la restructuration du ministère sacerdotal. Ce dernier point doit
inclure la mise en question du célibat sacerdotal, l’ordination des femmes
et les droits des personnes homosexuelles dans l’Eglise. Il faut aussi
promouvoir un processus impartial pour distinguer les accusations valables
de celles qui ne le sont pas et pour donner aux accusés une possibilité
loyale de se faire entendre.
3. Nous exprimons notre solidarité avec les victimes des abus
et nous appuyons ceux qui ont organisé, à Boston ou ailleurs, une
manifestation pour recommander des réformes fondamentales. En particulier,
nous conseillons aux catholiques du monde entier d’envoyer des délégués au
congrès de Boston pour la réforme de l’Eglise : celui-ci sera organisé par
une association de base nouvellement créée, " La voix des croyants ", le 20
juin 2002 (www.votf.org).
4. Nous demandons la démission du cardinal Darío Castrillón Hoyos en
tant que Préfet de la Congrégation du clergé et du cardinal Giovanni
Battista Re en tant que Préfet de la Congrégation des évêques. Tous les deux
ont certainement été au courant des cas d’abus et de leur dissimulation mais
ils n’ont rien fait publiquement pour changer le système actuel. Leur départ
serait le signe qu’une réforme sérieuse se met en place.
Enfin, en ce moment de crise, nous prions pour tous ceux qui sont
désorientés, peinés et scandalisés par les actions de nos responsables. Nous
prions pour qu’une réforme fondamentale, commencée sans délai, remette en
vigueur les valeurs évangéliques dans notre Eglise.
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