La testardaggine

di Giovanni Paolo II

Editoriale di "Le Monde", 3 ottobre 1999

 

L'AMBITIEUX programme qui devrait conduire le pape dans les six prochains mois jusqu'en Inde, en Géorgie, en Irak, en Egypte et en Israel cache de plus en plus mal les fissures qui s'aggravent dans le tissu catholique européen. Pendant trois semaines, deux cents éveques vont débattre de la crise des valeurs éthiques et religieuses.

Dès l'ouverture de cette assemblée, vendredi 1 octobre à Rome, Jean Paul II a déploré les risques d'un scepticisme croissant: perte de la mémoire des valeurs fondatrices de l'Europe, " désagrégation " de la conscience du Vieux Continent, etc.

Mais ce désenchantement religieux s'explique en partie par des réactions de rejet des Eglises. L'actuelle polémique en Allemagne à propos des centres de consultation avant avortement est révélatrice. Voilà une Eglise qui, outre Rhin, est aux avant-postes de la société civile par son rayonnement social, caritatif, éducatif. La loi allemande a meme confié aux deux grandes Eglises un tiers des centres de conseil que toute femme, qui souhaite avorter, doit obligatoirement consulter. Or, depuis trois ans, le Vatican harcèle l'épiscopat de ce pays pour qu'il rompe ce contrat de confiance avec les autorités et avec des femmes en détresse qui viennent dans ces centres chercher un conseil et un soutien. De peur que leur action ne serve de caution à des IVG, ces centres sont priés par le pape de ne plus délivrer l'attestation légale justifiant d'un entretien préalable. Ce qui revient purement et simplement à leur demander de disparaitre, car les femmes enceintes en difficultés iront frapper à d'autres portes. On reste pantois devant un tel aveuglement. Cette ingérence du Vatican a choqué en Allemagne les milieux catholiques autant que laiques, démocrates-chrétiens au tant que socialistes et Verts. Elle exprime des relents de nostalgie dans une Eglise romaine qui tenterait, comme hier, d'imposer sa loi morale à celle des Etats. Elle rappelle les méthodes, autoritaires et centralistes, qui avaient précédé le concile Vatican II.

Le repli et l'isolement sont préférés à un partenariat avec la société civile jugé exemplaire, y compris en France où l'Eglise ne bénéficie pas d'une telle reconnaissance publique de son role social ou éducatif. Il est d'usage de dire que, pendant que le pape voyage au bout du monde, les bureaux romains gouvernent. Et qu'en fin de pontificat, la toute-puissante Curie resserre la vis à des Eglises jugées émancipées et indisciplinées. On est dans ce cas de figure. Mais cette fois, à l'exception d'une minorité conservatrice, l'épiscopat allemand conduit par Mgr Lehmann tient bon, cherche des compromis, temporise. Ses puissantes organisations catholiques le suivent et sont en rébellion contre Rome dans un symbolique bras-de-fer. Jean Paul II avait du son élection de 1978 au soutien des cardinaux allemands, voisins de la Pologne et financièrement influents. Mais son entêtement sur la question de l'avortement fait voler en éclats le prestige d'une Eglise divisée, révoltée et en voie de marginalisation sociale.




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