COMECE
Commission des Conférences des Evêques de la Communauté Européenne
Communiqué de
presse - 19 novembre 2004 - Diffusion immédiate
Les Evêques ont discuté de la consolidation de
l’Union Européenne élargie, de la ratification du Traité Constitutionnel, de
l’adhésion de la Turquie, et de la mise en œuvre de la Stratégie de Lisbonne
afin de sauvegarder et promouvoir les intérêts des citoyens européens. La
Réunion Plénière de la Commission des Conférences des Evêques de la Communauté
Européenne qui s’est tenue à Bruxelles les 18 et 19 novembre.
La Nouvelle Commission Européenne
Les Evêques de la COMECE accueillent favorablement la confirmation de la
nouvelle Commission Européenne par le Parlement Européen et félicitent le
nouveau Président, José Manuel BARROSO. Ils soulignent l’importance du mandat
de la Commission et insistent sur le rôle qu’elle tient dans l’apport d’une
réponse aux besoins des citoyens européens vers la recherche du bien commun.
Ils ont exprimé leur gratitude au Président de la Commission sortante Romano
PRODI.
Les Evêques ont pris note du retard de la confirmation de la
Commission-désignée après les auditions au Parlement européen qui concluaient
que la compétence globale de la Commission pouvait être remise en cause. Les
Evêques approuvent le scrutin démocratique sur les qualifications politiques
des commissaires désignés. Cependant, ils regrettent la controverse qui a
entouré la nomination et les opinions personnelles de Rocco BUTTIGLIONE, et
l’impasse politique qui a suivi. Certains MPE ont fait preuve d’intolérance
face aux croyances personnelles du commissaire désigné plutôt que de se
concentrer sur sa capacité à honorer le rôle politique qui lui était confié. Ils
demandent que la liberté de religion et d’expression religieuse, accordée par
le Traité Constitutionnel, soit entièrement respectée et assurée dans toutes
les institutions européennes dans l’Union élargie.
Les Evêques reconnaissent le besoin de maintenir des bonnes relations
transatlantiques entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Européenne. Les
malentendus et les incompréhensions doivent être rectifiés entre les deux
entités pour faire grandir une relation basée sur notre respect commun du
droit, nos valeurs communes et nos intérêts communs. Monsieur John BRUTON chef
de la délégation de la Commission Européenne à Washington D.C a souligné les
bénéfices d’un partenariat fort entre les Etats-Unis et l’UE, étant donné leurs
potentiels pour instituer un ordre mondial plus pacifique. Monsieur John BRUTON a également mis en
lumière des domaines dans lesquelles les deux acteurs peuvent apprendre l’un de
l’autre en terme d’approche et de conduite de leur action. Les Evêques
affirment l’importance d’une coopération et d’une coordination entre les USA et
l’UE, particulièrement en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le
renforcement de la politique économique et commerciale et la solidarité avec
les pays en voie de développement et les pays les moins développés.
Réflexions sur la Turquie
Deux débats séparés concernant la Turquie ont eu lieu pendant la Réunion
Plénière. Dans un débat public, le Professeur Sylvie GOULARD, le Docteur Marek
GRELA, le Représentant permanent de la Pologne dans l’Union européenne et le
Docteur Otmar OEHRING, directeur des Droits de l’Homme de MISSIO ont conduit
les discussions sur “ la Turquie et l’Union Européenne ” dans la perspective du
prochain Conseil Européen. Après de sérieuses discussions relatives à
l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie, les Evêques ont
proposé les réflexions suivantes :
"La question de savoir si la Turquie peut entamer les négociations en
vue d’une adhésion ultérieure à l’Union Européenne, n’est pas une question
d’ordre religieux mais politique. Cette question politique mérite une
discussion approfondie au sein de toute la société civile européenne.
Pour l’Église catholique il est important que la Turquie et l’Union
Européenne développent leurs relations d’une manière constructive et amicale.
Il ne peut y avoir d’obstacle d’ordre religieux à ce qu’un pays dont la
population est majoritairement musulmane, comme la Turquie, devienne membre de
l’Union Européenne. En toute hypothèse, il est necessaire que la Turquie
respecte les droits fondamentaux, par example l’égalité du statut des femmes,
la liberté d’expression et association et la liberté religieuse.
Pour cette raison, on peut se demander s’il est opportun d’ouvrir les
négociations avec la Turquie, alors que les Droits Fondamentaux, et y inclus la
liberté religieuse, ne sont pas entièrement respectés dans cet État. La
Commission Européenne l’a elle-même constaté dans son rapport du 6 octobre
2004, sans cependant en tirer la conclusion de lier l’ouverture des
négociations avec le plein respect des dits droits.
Les évêques de la COMECE proposent de demander au gouvernement turc de
corriger les manquements évoquées dans le rapport de la Commission concernant
la liberté religieuse et le statut juridique des minorités conformement aux provisions
du Traité de Lausanne de 1923 avant d’ouvrir les négociations sur la
transposition de la législation européenne. Ils demandent au Conseil Européen
d’insérer ce point dans les conclusions de sa réunion du 16/17 décembre à
Bruxelles."
Les dimensions spirituelles et culturelles de
l’Europe
Les Evêques approuvent les initiatives du président de la Commission
sortante Romano PRODI et de l’actuel Présidence Néerlandaise. Monsieur René
LERAY, conseiller à la DG Relations Extérieures de la Commission européenne a
présenté les résultats du groupe d’experts qui travaillait sur les dimensions
culturelles et spirituelles de l’Europe. Le groupe a été établi par le
président PRODI et conduit par le Professeur Krzysztof MICHALSKI. Les Evêques
encouragent le Président de la nouvelle Commission José BARROSO a continuer ces
initiatives tout en étendant et en approfondissant les réflexions relatives aux
dimensions spirituelles et culturelles de l’Europe. Ils ont annoncé que la
COMECE soumettrait des propositions visant à renforcer la reconnaissance des
dimensions spirituelles de l’Union. Les Evêques souhaitent contribuer aux
débats sur les valeurs de la conférence finale organisée par la Présidence
Néerlandaise à La Haye, le 4 décembre 2004.
Les Evêques saluent la signature du Traité Constitutionnel et prennent note
du fait que celui-ci n’entrera en vigueur qu’après ratification dans tous les
Etats membres. Ils ont souligné l’importance d’un débat public interactif et
d’information dans le cours du processus de ratification et ce principalement
dans les Etats membres où un référendum aura lieu. Le Traité Constitutionnel
reflète les valeurs et objectifs de l’UE et la vision chrétienne de l’être
humain à travers l’inclusion d’une Charte des Droits Fondamentaux. Mais il est
regrettable qu’il ne reste aucune référence au Christianisme dans la version
finale du préambule de ce texte.
Evènements récents des Pays-Bas
Les Evêques sont préoccupés par la situation aux Pays-Bas devenue
dramatique avec la mort de Monsieur van GOGH et les évènements suivants.
L’attaque contre Monsieur van GOGH et les incendies de mosquée et d’églises ne
doivent jamais se reproduire. Les croyances ou idéologies religieuses ne
légitiment jamais la violence.
L’Assemblée pense qu’il incombe aux institutions européennes, aux
gouvernements nationaux, à l’Eglise et à la société civile de faire de la
citoyenneté européenne une réalité tangible dans tous les Etats membres depuis
l’élargissement de Mai.
La Stratégie de Lisbonne
Les Evêques reconnaissent la prévalence de la Stratégie de Lisbonne en ce
qui concerne les futurs succès économiques de l’Union Européenne. Ils
reconnaissent qu’il est nécessaire de réformer l’économie européenne afin de
sauvegarder le modèle social européen qui est en danger face à la
mondialisation et au déclin démographique. Le rôle de la famille est
particulièrement important pour le modèle social européen, étant donné son rôle
unique dans l’offre de services à la société. Après une présentation par
Monsieur David WHITE, directeur à la DG Entreprise de la Commission Européenne,
intitulée “ La Stratégie de Lisbonne : Une priorité pour l’Union européenne ”,
les Evêques ont discuté des aboutissements du rapport Kok et du prochain compte
rendu de mi-parcours. L’Assemblée a exprimé ses inquiétudes en ce que la
Stratégie n’a pas jusqu’ici été efficace et a souligné qu’une nouvelle approche
serait appropriée. Aussi ont-ils chargé le vice président de la COMECE, Mgr VAN
LUYN, ainsi que d’autres Evêques européens de produire un mémorandum sur le
renouvellement de la Stratégie de Lisbonne. Ce mémorandum abordera les
questions relatives au financement de la recherche, l’éducation, la famille et
le marché du travail.
La COMECE
Du fait de l’élargissement européen et de l’agrandissement de la COMECE,
les Evêques ont discuté des attentes, espoirs et peurs des nouveaux membres de
la COMECE. Les Evêques ont d’ailleurs convenu de revoir leurs méthodes de
travail.
FIN
La COMECE est
la Commission des Conférences des Evêques Catholiques des Etats-membres de
l’UE.
Les évêques
participant à la Réunion Pléniaire en tant que représentants de leurs
Conférences épiscopales sont :
Mgr Josef
Homeyer (Allemagne) ; Mgr Adrianu van Luyn (Pays-Bas), Mgr Hippolyte Simon
(France), le Cardinal Josip Bozanic (Croatia) ; Mgr Teodoro De Faria (Portugal)
; Mgr Jozef De Kesel (Belgium) ; Mgr Fernand Franck (Luxembourg) ; Rev.
Gintaras Grusas (Lituanie) ; Mgr Egon Kapellari (Autriche) ; Mgr William Kenney
(Suède) ; Mgr Vaclav Maly (République Tchèque) ; Mgr Darmuid Martin (Irlande) ;
Mgr Guiseppe Merisi (Italy) ; Mgr Peter Moran (Scotland) ; Mgr Frantisek Rabek
(Slovaquie) ; Mgr Ioannes Spiteris (Greece) ; Mgr Antón Stress (Slovenia) ; Mgr
András Veres (Hongrie), Mgr Elias Yanes Alvarez (Espagne)
Contact:
Clare
Coffey
COMECE
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